
Par Samuel Duranceau-Cloutier,
À travers la Ligue de hockey junior majeur du Québec, les gérants d’équipement ont un rôle essentiel dans les succès de leur équipe. « Nous sommes dans l’ombre, mais si nous ne sommes pas là, il n’y a pas de club. Avant les joueurs et entraîneurs, le gérant d’équipement et ses adjoints représentent le pilier central de l’équipe. Les joueurs s’en rendent plus ou moins compte, mais c’est énormément de travail. Il y a toute une préparation avant un match. Tu ne fais pas ça pour l’argent, mais bien par passion », n’hésite pas à affirmer Yves Ménard de l’Armada de Blainville-Boisbriand.
Même son de cloche du côté de son collègue René Arbour, qui en est à sa première saison avec les Cataractes de Shawinigan. « Tu dois être à l’affût de tout. Tu ne dois rien manquer et être prêt à te retourner sur un dix cents, car il y a toujours des imprévus. Tu dois pratiquement avoir un coup d’avance sur tout. Si tu n’es pas passionné, tu n’es pas à ta place. Mon téléphone est ouvert 24/24h, car il peut toujours se passer quelque chose. Si un joueur débarque, tu dois bien le préparer ».
Les heures passées à l’aréna sont nombreuses pour ces travailleurs de l’ombre, dont certains ont même un lit dans leur bureau. Avant de prendre la route de Blainville-Boisbriand un jeudi, les Huskies de Rouyn-Noranda tiennent un entraînement matinal à l’Aréna Iamgold. Lorsqu’ils débarquent au domicile de leurs prochains adversaires plus tard dans la journée, le gérant d’équipement de l’équipe locale doit faire le lavage des bas et chandails des joueurs et faire de même le lendemain après-midi, en plus de bien préparer ses joueurs pour le match en soirée.
Les bâtons
Les équipes font parvenir leurs commandes de chandails, culottes, gants, casques, etc. à la compagnie CCM/Reebok un an à l’avance. Même si les gérants d’équipement ont toujours des pièces en surplus, la gestion des bâtons demeure une partie très importante aux yeux des joueurs. « Lorsqu’une recrue parvient à faire l’équipe, elle choisit sa courbe et son flex. Je commande les modèles des vétérans au cours de l’été. J’ai un rangement avec un compartiment par joueur. Chaque lundi, je fais mon inventaire. Je sais par exemple que Daniel Walcott a brisé des bâtons au cours du week-end et que je dois en recommander. Je ne descends jamais en bas de trois ou quatre. J’ai un rapport à remettre à l’organisation toutes les semaines », a expliqué Ménard, dont l’équipe teste des bâtons chaque saison.
En Mauricie, les Cataractes imposent une règle aux joueurs qui pourraient être tentés de faire voler leur outil de travail en mille morceaux lors d’un match. « À Shawinigan, nous avons deux ou trois modèles avec Easton, mais c’est surtout au niveau du flex que ça change entre les joueurs. Nous avons toujours un budget à respecter. Chacun doit avoir trois bâtons dans son casier. Les joueurs ne doivent pas faire les fous. Si un gars brise volontairement son bâton lorsqu’il se fait marquer un but, il doit le rembourser ».
Le nombre de bâtons utilisés par chaque joueur est très variable. « Chaque année, nous utilisons entre 600 et 800 bâtons. Un joueur comme Xavier Ouellet en prenait un neuf par match, alors qu’un gars comme Cédrick Paquette ne changeait pas souvent. Tu as des athlètes comme ça. L’Armada redonne les bâtons au hockey mineur local lorsqu’ils ne sont plus utilisés par l’équipe ».
Des anecdotes
Évoluant dans le monde du hockey depuis 1978, Yves Ménard en a vu de toutes les couleurs. « Je me souviens que lors d’un voyage à Shawinigan, Éli Bérubé a fait sa poche, mais il n’y avait rien à l’intérieur. Nous nous sommes aperçus du tout une fois à l’aréna et avons dû appeler sa pension pour qu’elle vienne porter son équipement. C’était un gars lunatique de la sorte et sa famille de pension n’était pas surprise. Mon assistant surveille toujours si tout est ramassé lorsque nous partons sur la route. Toutes les équipes ont le même équipement, donc il est toujours possible de s’arranger pour les épaulettes, genoux, etc. ».
Après quatre ans avec les Loups de La Tuque, René Arbour a fait le saut dans le circuit Courteau cette saison. « Lors de notre premier voyage, nous avons installé le tableau des entraîneurs sur une porte dans le vestiaire à Chicoutimi. Le lendemain, nous avons voyagé vers Baie-Comeau, mais le tableau est resté là. Martin Bernard m’a regardé et m’a demandé où il était. Nous avons dû en acheter un autre. J’ai toujours une liste pour vérifier de ne rien oublier », s’est-il souvenu en riant.
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